L’édito des mois de juillet-août

Cet été, prendre la route !

Prendre la route, c’est être responsable.

Au mois de mai dernier, j’ai reçu une demande un peu inhabituelle. Une jeune conductrice me téléphonait pour que nous fixions un moment pour bénir sa voiture. Le jour J, elle s’est présentée accompagnée d’une de ses amies. Avant de m’intéresser au véhicule, j’ai pris le temps de m’adresser aux deux personnes. Elles venaient d’une commune extérieure à notre paroisse. Je leur ai présenté le déroulé de la liturgie d’une bénédiction de voiture. Elles étaient à l’écoute. Puis, j’essayais d’en savoir un petit peu plus : Avaient-elles été initiées à la foi chrétienne ? Pourquoi venaient-elles à Pontmain ? Ensuite, nous sommes sortis devant le presbytère pour la bénédiction du véhicule. J’ai fait une petite catéchèse à partir de l’évangile proposé par le rituel : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6-7). Puis, avec la formulation de diverses intentions, la prière s’est ouverte à tout ce qui nous unit et ce qui relie les hommes ; et aussi aux ingénieurs, techniciens, ouvriers et tous ceux qui travaillent dans l’industrie automobile ; et encore à tous ceux qui sont chargés de la sécurité sur la route, et les personnes des services de secours. Avant de poser le geste de l’aspersion, je confiais au Seigneur la personne qui allait faire usage de cette voiture. La jeune automobiliste et son amie auront à découvrir encore Celui à qui, ce matin-là, nous avons demandé dans la prière de les éveiller à sa présence et d’être leur compagnon de route.

Prendre la route, c’est n’être jamais seul.

Combien de fois n’ai-je pas fait l’expérience de n’être pas tout seul ! Plusieurs fois, il m’est arrivé de partir en retard pour une réunion. Et plutôt de passer outre les règles de sécurité, je me fixai pour objectif de les respecter. Au lieu de déformer le code de la route, je m’appliquais à le mettre en œuvre. Ma motivation de choisir la prudence avant tout tenait à la conviction profonde de n’être pas tout seul, au sens d’être accompagné par Celui qui est le Chemin. A l’arrivée, à Ernée, à Laval ou ailleurs, j’étais un peu en retard, certes. Malgré tout, ma joie était de m’apercevoir que je n’étais pas forcément le dernier, et surtout de me sentir en paix, de me voir disponible pour porter attention aux personnes que j’allais rencontrer. La maîtrise de soi est le fruit de l’Esprit Saint, dit Saint Paul dans sa lettre aux Galates (5, 22).

Durant l’été aussi, la route se partage.

Que ce soit la route du travail, la route des loisirs, la route du voyage, elle est partagée à tous les usagers. Elle se partage aussi sous le mode du covoiturage. On ne compte pas le grand nombre de bénéficiaires du site internet Bla Bla Car. Ce moyen numérique organise le partage des places dans les voitures des particuliers, selon les trajets divers, à prix modique et en veillant à la sécurité. Et se grouper, c’est préserver la planète.

Cet été, beaucoup de personnes heureusement goûteront une période libérée des contraintes horaires des trajets obligés. Raison de plus pour se déplacer avec une ouverture du cœur et de l’esprit plus grande. Et quittons les mauvaises habitudes de chercher à tout régenter, à tout contrôler, y compris ses SMS avec le portable au volant. Arrachons-nous au diktat de l’urgence imposé par l’air du temps pour faire résolument le choix de la vie. « Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » (lettre de l’apôtre Paul aux Colossiens, chapitre 3 verset 7).

Visiter ceux qui ne peuvent se déplacer, c’est aussi prendre la route.

Profitons de nos moments plus libres, créons des occasions pour rendre visite. Mettons de la gratuité et de la joie dans les rencontres en particulier avec les personnes moins mobiles, plus âgées, ceux et celles qui connaissent déjà d’ordinaire la solitude. Roulons à bon escient en sachant promouvoir l’attention à tous, en particulier aux plus fragiles.

Père Jean-Marie VERON