L’édito du mois de mars

L’ouverture du cœur, l’attention au frère

On évoque communément le Carême comme une marche de 40 jours au désert ; elle est propice à creuser en nous l’ouverture du cœur et l’attention au frère. Le chemin du Carême à peine commencé cette année, je suis allé sur une oasis.

A l’oasis, il y avait du thé et du café.

C’était le vendredi 16 février, nous nous étions donné rendez-vous à 14 h, dans une salle de la paroisse, rue de Bretagne à Pontmain. A neuf personnes, cinq mineurs et quatre adultes, nous remplissions la pièce. Sans tarder, on a servi le thé et le café qui ont réchauffé les corps, tandis que l’échange amical vraiment intéressant réchauffait les cœurs. Avant de quitter leur coin d’Afrique subsaharienne, ces gaillards de 15 ans ne se connaissaient pas. Les voilà devenus des vrais copains, et même des frères, ils étaient heureux de nous le dire. Avec ces jeunes Maliens musulmans, nous avons parlé du Carême et du Ramadan. Je les ai vus très respectueux. Ils nous ont dit un peu quelles étaient les conditions périlleuses de leur long périple pour arriver jusqu’en France. Pour d’autres, elles étaient sans doute différentes. Et la raison de leur départ, c’était la grande pauvreté.

Le Conseil Départemental de la Mayenne par son service de l’Aide Sociale à l’Enfance assure le suivi de ces Migrants Mineurs hébergés à l’Auberge de l’Espérance (ESAT de l’ADAPT de Pontmain). Leur attente dure le temps nécessaire pour clarifier leur situation. Ils sont 25 à 26 jeunes, et n’ont pas vocation à rester là. Ils sont peut-être plus matures qu’on ne le pense et ils ont soif de vie. Plusieurs savent bien ce que c’est que le désert, avec la chaleur accablante et le manque d’eau. A l’oasis durant un après-midi avec eux autour du thé et du café, nous avons bien compris qu’ils ont soif de relations humaines chaleureuses, et de proposition d’activités et de formation, autant que faire se peut. « J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli », dit Jésus (Mt 25, 35).

Quitter une oasis, poursuivre le chemin.

Les jours du Carême défilent vite en général, pour la raison très simple qu’ils sont ceux de nos semaines. Que nos activités et responsabilités n‘entravent pas notre progression dans l’ouverture du cœur et l’attention au frère. Couramment c’est notre agenda qui nous presse et la routine qui nous guette. Il est donc important de s’arrêter sur des petites oasis dans nos journées, tel moment dédié à la prière, tel autre dédié à écouter qui en a particulièrement besoin, tel autre vécu sous la forme d’une visite ou d’un service bien particulier. Au fil de cette grande pérégrination au désert, diverses oasis se présentent encore à nous : un chemin de Croix, le rendez-vous dominical de la messe, une soirée de partage en paroisse, une célébration du pardon, un diner où l’on accueille chez soi une personne qui est seule, une lecture qui nourrit la vie spirituelle, etc. « Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite », dit Jésus (Mt 6, 3).

Le Carême est un chemin au long duquel il faut maintes fois se remettre en marche. Ce parcours est risqué parce qu’il ne nous épargne pas les tentations et le combat spirituel. Ce parcours est sûr parce que le Christ l’a emprunté avant nous et sa victoire à Pâques en est l’aboutissement. La résurrection du Christ est débordement de vie nouvelle qui engloutit le péché ! Pure puissance de vie éternelle offerte sans compter, pour que tout être humain puisse renaître d’en-Haut !

Sur une oasis, la première richesse c’est l’eau.

Le mot « oasis » est passé dans le langage commun pour désigner un espace réduit au milieu du désert rendu fertile par la présence d’eau. L’eau pour les plantes, les animaux et les hommes. Et plus que tout, l’eau potable est une nécessité vitale pour les humains. Comment aider les populations qui souffrent du manque d’eau ? Comment soutenir leur développement économique et social ? C’est ce sujet de l’eau potable qui sera abordé de façon très pragmatique lors de la soirée de partage « bol de riz » organisée le vendredi 9 mars à 19 h 30 dans les salles paroissiales à Landivy. Les familles, adultes, jeunes et enfants, les paroissiens et amis de la paroisse sont chaleureusement invités. Au menu, vous trouverez l’ouverture du cœur et l’attention au frère. Venez nombreux !

Père Jean-Marie VERON