L’édito du mois d’octobre

Quand ça parle au cœur

Quand on est dans l’excès avec les infos

Les chaînes télévisées, les stations de radio et les sites internet qui diffusent de l’info en continu sont très suivis, très écoutés. Avec la crise sanitaire version Covid-19, beaucoup de choses sont dites et montrées, puis reprises et répétées avec les mêmes points d’insistance. Il en ressort la plupart du temps un climat très anxiogène. Certes, il n’est pas question de nier les inquiétudes et les difficultés. Mais, dans tout ce que nous regardons et écoutons, pas sûr que nous y trouvions quotidiennement des éclaircissements pour une meilleure compréhension de ce qui se passe dans le monde. Si bien qu’en terminant la journée, il est sain de se déconnecter et il est bon de s’interroger : « Qu’est-ce qui m’a vraiment parlé au cœur aujourd’hui ? Qu’est-ce que je retiens et qui va prendre place dans ma prière sous forme d’émerveillement, de merci ou de demande ?

Quand on est dans l’accélération du temps

Les semaines passent vite, peut-être trop vite, pour les familles, pour les actifs. Quand il faut s’organiser pour les déplacements, le travail, la scolarité, les courses, les loisirs, des visites à faire, un service à rendre autour de soi, un engagement à l’extérieur, la participation à la vie de l’Église, ou pour d’autres obligations plus ou moins prévisibles, l’agenda hebdomadaire se resserre fortement. Je souligne ici l’importance de vivre des moments de qualité, se poser, s’accueillir, dialoguer, dire des paroles qui nourrissent le cœur, qui donnent du sens, édifient, remercient, encouragent. Et au donc, au cours des semaines qui défilent, tenons le fil rouge qui nous évitera de nous perdre, il tient en deux verbes : Aimer et servir. Un de mes amis prêtre dans le Pas de Calais me disait un jour : « Tu sais, chaque soir je ne cherche pas à lister ce que j’ai fait durant la journée qui d’ailleurs a souvent été très dense. Non. C’est d’abord une simple question qui vient prendre place dans ma prière : Aujourd’hui, est-ce que j’ai aimé et servi à la manière du Christ ? »

Vivre et dire la foi dans notre aujourd’hui

Sans porter de jugement, je vous partage ce qui m’apparaît comme une évidence. En effet, peu d’adultes chrétiens témoignent de leur foi avec leurs propres mots, auprès de leur entourage proche. Pourtant, des opportunités se présentent : une balade dans la campagne ou au jardin, un engagement dans un organisme de solidarité, l’accueil de quelqu’un qui est isolé ou âgé, la lecture d’un passage d’évangile ou d’un psaume, une belle croix, statue ou icône, un évènement, la visite d’une chapelle ou d’une église. Cela peut se faire aussi à partir d’une lecture, d’un film, d’une émission culturelle, d’une rencontre ou d’un récit de pèlerinage, d’une participation à la messe ou d’un moment de prière ensemble. Devenir chrétien se fait au contact du Christ, c’est lui qui initie, c’est lui qui fait grandir dans la foi. Pour çà, il a besoin de relais, de semeurs. Demandons l’aide de l’Esprit Saint. Et gageons qu’une parole de foi exprimée simplement se fasse nourriture pour le cœur de celui ou celle qui l’entend.

Avoir une parole qui parle au cœur

La culture chrétienne est insuffisante pour l’annonce de l’Évangile à nos contemporains. Il faut des témoins qui aident à rencontrer le Christ vivant. Prenons le sujet de la catéchèse des enfants. Celle-ci a besoin de la culture chrétienne, certes. Mais elle va plus loin, puisque son but définitif est de mettre quelqu’un non seulement en contact mais en communion, en intimité, avec Jésus-Christ. (Directoire général de la catéchèse, n°80, 15 août 1997). En quelque sorte, les catéchisés ressemblent aux disciples d’Emmaüs que le Ressuscité avait rejoints. Ils se dirent entre eux : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » (Évangile selon saint Luc 24, 32). Et comme toute autre action de l’Église, la catéchèse trouve sa force dans l’amour du Christ  reçu dans la communauté des croyants, accueilli  dans la prière, sans cesse renouvelé dans la  liturgie et en particulier dans la célébration  eucharistique, vécu dans une vie de partage au cœur du monde.

L’enjeu d’une parole de foi, avant tout dite simplement, c’est qu’elle puisse aider à découvrir que le Christ rassasie le cœur de celui ou celle qui l’accueille en faisant grandir dans la personne ce qu’il y a de bon, de juste et de saint. Alors, peut-être il s’en suivra tout un cheminement. « Le Christ invite à marcher à sa suite. Croire n’est pas seulement adhérer intellectuellement à ce qu’il dit. C’est s’engager avec lui. »  Les évêques de France, Catéchisme pour adultes, n° 486, 1991.

Père Jean-Marie VERON