L’édito du mois de décembre

Désirons-nous qu’Il vienne ?

A quelques semaines de ce Noël 2017, je m’interroge. J’exprime des questions fortes. Je les formule uniquement comme des interpellations et surtout pas comme des accusations. Et à partir de là, je cherche à dire quel est le sens de l’Avent.

Sommes-nous en attente ?

Sommes-nous en attente ? En attente de quelque chose ? En attente de Quelqu’un ? Quel désir profond habite notre cœur ? Quelle est la motivation première de notre vie ?

Habitués au tout-tout-de-suite, habitués à l’information instantanée, habitués aux messages sur l’écran de notre portable à tout moment et partout, avons-nous encore quelques dispositions pour attendre, pour mûrir les choses, pour réfléchir ? Pour les relire ? Pour prier?

Et puis, sommes-nous tenus d’évoluer dans une société qui tourne très vite, fermée sur son horizontalité, passionnante et complexe, dangereuse aussi ? Ou bien y a-t-il de la place pour la transcendance ? Chrétiens, levons-nous nos regards vers le Très-Haut qui se fait le Tout-Proche ? Croyons-nous vraiment en la venue de Dieu dans notre humanité ?

La spiritualité de l’Avent.

Désirer et attendre le Sauveur, telle est la spiritualité propre du temps de l’Avent. À la question « qui est le chrétien ? », Saint Basile (IVème s.) a pu répondre ainsi : « Le chrétien est celui qui reste vigilant chaque jour et chaque heure, sachant que le Seigneur vient ». Préparer Noël ne consiste donc pas seulement à préparer une simple fête d’anniversaire, celle de la nativité de Jésus vue comme un évènement passé, même si cet aspect est le plus spectaculaire. Il s’agit surtout de préparer le chemin du Seigneur en lui ouvrant notre cœur. Le Christ est celui qui ne cesse de venir. Sa venue est pour chacune de nos âmes une réalité actuelle. Il demande que nous soyons attentifs à sa venue, que nous ouvrions les portes de nos âmes.

L’Avent est ce temps où la liturgie nous fait prendre conscience que nous avons grand besoin d’être sauvés. Le péché est à la fois un aveuglement, qui nous empêche de voir le mal que l’on a fait ; une surdité qui nous empêche d’entendre la voix de Dieu ; une paralysie qui entrave notre capacité de faire le bien ; une lèpre qui défigure en notre âme la ressemblance de Dieu.

L’Avent appelle également le croyant à simplifier sa vie à l’image du nouveau-né de la crèche.

Adventus en latin signifie venue, avènement. Il y a trois niveaux. 1. Avènement passé : Le Rédempteur du monde vient sur la terre dans l’humble condition de son existence humaine, comme Sauveur. 2. Avènement futur : le Seigneur viendra plein de gloire et de majesté, nous désirons sa venue. 3. Avènement présent, Jésus veut venir en chacun de nous, pour nous arracher au mal qui nous tient prisonniers et régner sur notre cœur sans partage.

Des grandes figures bibliques de l’Avent.

Comme l’indique l’origine du mot Avent, elle annonce bel et bien une « venue », un « avènement », qui marque l’histoire de l’humanité. En l’occurrence celle du « Prince de la Paix » dont parle le prophète Isaïe, de « l’Agneau de Dieu » tel que le désigne saint Jean-Baptiste. Le Précurseur, Jean-Baptiste est un personnage clé de l’Avent. En quelque sorte, il incarne bien l’esprit de l’Avent puisque c’est le prophète de l’attente par excellence : il prépare les chemins du Seigneur, il montre l’agneau de Dieu, le Christ, qui vient dans le monde. Et qui d’autre mieux que Marie, dans l’attente de la naissance de son fils, peut montrer à l’Église, et donc à nous-mêmes, comment disposer nos cœurs à le recevoir ? Elle est la figure de l’attente et de la confiance en Dieu par excellence.

Mgr Antoine Hérouard, évêque auxiliaire de Lille, écrit : « L’Avent nous invite à nous redire que nous ne sommes pas seuls, abandonnés au tragique de l’histoire, ballotés par les évènements. »

Père Jean-Marie VÉRON