L’édito du mois de novembre

Ne nous laisse pas entrer en tentation

À partir du 1er dimanche de l’Avent (3 décembre 2017), en France, la nouvelle traduction du Notre Père remplacera de manière officielle l’ancienne formulation, et ceci dans toute forme de liturgie publique.

Qui a validé la nouvelle traduction ?

La nouvelle traduction de la sixième demande du Notre Père a été confirmée par la Congrégation romaine pour le culte divin et la discipline des sacrements le 12 juin 2013, avec l’ensemble de la nouvelle traduction liturgique de la Bible, dont elle fait partie.

Qui a décidé de la date du 1er dimanche de l’Avent 2017 ?

Il était prévu d’attendre la publication de la nouvelle traduction du Missel romain pour rendre effective la nouvelle formulation du Notre Père. La validation de la traduction du Missel romain prenant plus de temps que prévu, les évêques de France ont décidé, à leur dernière assemblée plénière (28-31 mars 2017), d’une entrée en vigueur de la nouvelle traduction du Notre Père le 3 décembre 2017. Ce jour qui est le premier dimanche de l’Avent marque en effet le début de la nouvelle année liturgique. Nous passerons de « Ne nous soumets pas à la tentation » (version utilisée depuis 1966) à « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Cet événement est une invitation à prier le Notre Père d’une manière renouvelée.

L’ancienne traduction était-elle mauvaise ?

Il faut d’abord dire que ce verset est très complexe à traduire. Sans être excellente, elle n’était pas fautive d’un point de vue exégétique. Mais il se trouve qu’elle fut mal comprise des fidèles. Beaucoup comprennent que Dieu pourrait nous soumettre à la tentation, nous éprouver en nous sollicitant au mal. Le sens de la foi leur indique que ce ne peut pas être le sens de cette sixième demande.

Quel avantage la nouvelle traduction présente-t-elle ?

La nouvelle traduction, « Ne nous laisse pas entrer en tentation », écarte l’idée que Dieu lui-même pourrait nous soumettre à la tentation. Le verbe « entrer » reprend l’idée ou l’image du terme grec d’un mouvement, comme on va au combat, et c’est bien du combat spirituel dont il s’agit. Mais cette épreuve de la tentation est redoutable pour le fidèle. Si le Seigneur Jésus, lorsque l’heure fut venue de l’affrontement décisif avec le prince de ce monde, a lui-même prié au jardin de Gethsémani (Mt 26, 41 ; Mc 14, 38 ; Lc 22, 40.46) : « Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi », à plus forte raison le disciple qui n’est pas plus grand que le maître demande pour lui-même et pour ses frères en humanité : « Ne nous laisse pas entrer en tentation ».  Demander de ne pas entrer en tentation, c’est donc demander à ne pas douter de la présence de Dieu au milieu de nous. Nous avons là un approfondissement théologique. Tous les chrétiens sont touchés et seront concernés par cette nouvelle traduction, et pas seulement ceux qui vont régulièrement à la messe.

Quelle incidence pour chanter le Notre Père ?

A l’annonce de la validation de la nouvelle traduction, des artistes ont composé de nouvelles versions musicales du Notre Père. Et pour le début de la nouvelle année liturgique, la partition du Missel Romain mise à jour et libre de droit ainsi que la version musicale sont disponibles. On peut donc dès à présent chanter le Notre Père récemment modifié dans sa traduction.

Et chez les chrétiens des autres confessions ?

Il est bon de savoir que le Conseil d’Églises chrétiennes en France (CÉCEF) a recommandé que lors des célébrations œcuméniques qui auront lieu à partir de l’Avent 2017, la sixième demande du Notre Père soit ainsi formulée : « et ne nous laisse pas entrer en tentation ». Une manière d’honorer l’invitation du Christ « Que tous soient un » (Jn 17, 21).

Père Jean-Marie VERON