L’édito du mois d’avril

La Résurrection

On en parle dans les chaumières.

Après la messe anticipée du dimanche à St B. la T., chaque second samedi du mois un temps de convivialité est offert vers 19 h 15 au café du village. Je me souviens que ce soir-là nous avons abordé le sujet de la résurrection de la chair. Cela ne paraissait pas aisé de répondre aux questions.

Un autre mode d’existence.

Gérard PHILIPPE, brillant acteur français qui a marqué l’histoire du théâtre et du cinéma, est décédé à l’âge de 36 ans le 25 novembre 1959. Son épouse Anne, parlant de la mort de son mari Gérard, avait su exprimer avec une lucidité profonde une expérience qui nous rejoint tous : « Je t’ai trop aimé pour accepter que ton corps disparaisse et proclamer que ton âme suffit et qu’elle vit. Et puis, comment faire pour les séparer, pour dire : ceci est son âme et ceci est son corps ? Ton sourire et ton regard, ta démarche et ta voix étaient-elles matière ou esprit ? L’un et l’autre, mais inséparables » (Le temps d’un soupir, Julliard, 1963, p. 48).

Pour aller plus loin et selon la foi chrétienne, impossible de parler de la résurrection sans nous tourner vers le Ressuscité. Quand l’Évangile de Jean écrit : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1, 14), il affirme certes qu’il a pris un corps biologique semblable au nôtre, mais il dit beaucoup plus, c’est notre condition humaine dans son unité indissoluble qui est visée par ce mot chair. L’Évangile ne dit pas qu’il prit un corps et une âme, mais notre humanité dans sa condition charnelle. Il s’est fait en tout semblable à nous à l’exception du péché. C’est cette humanité qui est appelée à la Résurrection avec le Christ. Et Jésus nous rejoint dans nos engagements au service de la justice et de la vérité, de la fraternité et de la paix, pour les assumer et il nous associe à sa victoire. Les liens qui nous unissent à Lui ne permettent pas que nous ayons un avenir différent du sien.

Sa Passion était imminente quand Jésus priait ainsi : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis eux aussi soient avec moi » (Jn 17, 24). C’est la seule fois dans l’Évangile où nous entendons Jésus s’adresser au Père en disant : je veux, et c’est pour notre salut ! Et l’on peut dire que Dieu est venu à nous en Jésus-Christ pour nous associer à son dessein, c’est-à-dire pour nous unir à Lui par-delà les limites spatio-temporelles dans une création rénovée. C’est là notre espérance de participer pleinement à la vie de la sainte Trinité dans une intimité qui ne connaîtra pas de déclin.

La Résurrection de Jésus.

Le tombeau vide, le témoignage des disciples et surtout l’existence d’une communauté bâtie sur la foi en cette résurrection ont marqué profondément notre histoire depuis un peu plus de deux mille ans. Les Évangiles, les actes des Apôtres et saint Paul témoignent que Jésus ressuscité est apparu, s’est manifesté, à un certain nombre de disciples. Le jour de la Pentecôte, investi de la force de l’Esprit saint, Pierre fit l’annonce publique de la Résurrection de Jésus. Et rappelons-nous les mots du Symbole des Apôtres : « Je crois en Jésus Christ, … ; qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers ; le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux… »

Voici deux extraits tirés des Préfaces de la messe : « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant de qui nous tenons la vie, la croissance et l’être. Dans cette existence de chaque jour que nous recevons de ta grâce, la vie éternelle est déjà commencée : nous avons reçu les premiers dons de l’Esprit par qui tu as ressuscité Jésus d’entre les morts, et nous vivons dans l’espérance que s’accomplisse en nous le mystère de Pâques » (Préface des dimanches VI). « Dans le mystère de sa Pâque, il a fait une œuvre merveilleuse, car nous étions esclaves de la mort et du péché, et nous sommes appelés à partager sa gloire » (Préface des dimanches du temps ordinaire I). La foi en notre résurrection n’est donc pas un aspect secondaire de notre foi au Christ, elle en est un élément essentiel.

Pâques, la fête des fêtes.

Il faut le Carême pour préparer Pâques, soit 40 jours. Il faut le temps pascal pour déployer Pâques, soit 50 jours, période qui s’achève à la Pentecôte. Le Christ est auprès du Père dans la gloire et, par son Esprit livré, il est avec nous de façon particulière dans la communauté de ses disciples. Son Corps ecclésial (l’Église) a mission de mettre en œuvre sa charité, d’annoncer la bonne nouvelle du salut en Jésus Christ, de faire connaître à tous les hommes l’espérance venue de Lui.

Père Jean-Marie VERON