L’édito du mois d’avril

La résurrection, pivot de la foi chrétienne

Le saviez-vous ? De la nuit de Pâques jusqu’à la veille de l’Ascension, les chrétiens orthodoxes changent leur manière de se dire « bonjour ». Le premier dit : «  Le Christ est ressuscité ! » L’autre lui répond : « En vérité, il est ressuscité ! », ou « Il est vraiment ressuscité ! »

La résurrection de Jésus n’est pas un retour à la vie d’avant, une réanimation. Elle n’est pas non plus sa réincarnation dans un autre élément de la création. D’ailleurs foi chrétienne et réincarnation sont incompatibles. Jésus en tout son être est passé définitivement à une vie nouvelle, il habite un corps transformé, supranaturel. Tout en étant un corps authentique et réel, au-delà de l’espace et du temps.  L’Église parle d’un « corps glorieux ». Cette expression caractérise le corps de Jésus après sa résurrection. Ce terme théologique signifie également l’état où seront les corps des bienheureux après la résurrection. Dans le Credo, nous disons « je crois à la résurrection de la chair ». L’apôtre Paul dit : « Le Christ transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (Lettre aux Philippiens 3,21).

La vie, la mort, sont des sujets toujours délicats à aborder notamment avec des jeunes et pourtant si essentiels. Ces questions existentielles interrogent la foi des chrétiens. Cette nouvelle incroyable qu’est la Résurrection nous invite à faire le saut de la foi. Croire sans voir.

Dire oui  à la vie en Christ !

La foi chrétienne est une ouverture à la vie plus forte que la mort ; elle tient solidement cela de la résurrection du Christ. Vivre du Christ, c’est entrer dès à présent dans une vie nouvelle où le péché et la mort sont vaincus et dont il est le premier vivant, où il nous ouvre un “passage”, ce que signifie le mot « Pâques ». C’est en même temps envisager notre propre résurrection par-delà la mort physique à la suite du Christ.

La fête de Pâques se prépare sur 40 jours et se déploie sur 50 jours. Aucune autre fête chrétienne ne revêt une telle importance. Elle est le centre névralgique de notre foi. Elle célèbre la victoire du Christ. Le Crucifié, injustement condamné, innocent torturé, du Vendredi saint, ressuscita le 3ème jour. Les évangiles ne nous décrivent pas ce qui s’est réalisé concrètement dans le secret du tombeau, là où le corps de Jésus reposait. Mais les faits relatés, le nombre de témoins, les recoupements entre leurs témoignages, leur logique interne et leur concordance, tout cela forme un faisceau d’une telle densité que nous avons de quoi nous sentir interpellés. Nous voici invités à nous prononcer sur la déposition de ces témoins d’autrefois.

Tout historien sérieux admet l’existence et la mort de Jésus ; plusieurs témoignages antiques, chrétiens ou non, le prouvent. Quant à sa Résurrection, elle est attestée par les disciples de Jésus et bien d’autres personnes qui l’ont vu vivant, après sa mort sur la Croix. L’événement représente un tel bouleversement pour l’histoire de l’humanité, une telle « Bonne Nouvelle » (sens du mot grec « Évangile ») que les disciples en témoignent par leurs écrits, par leur enseignement et surtout par leur vie donnée jusqu’au martyre.

 Que le Ressuscité soit pour nous le Ressuscitant !

Comment nos façons d’être sont-elles marquées par ce passage de la vie à la mort, passage déjà signifié par notre baptême ? Croire que le Christ est vivant n’est pas qu’une une idée à admettre ou des valeurs auxquelles adhérer, mais une invitation à se laisser guider par Lui.

« Nous croyons à l’Évangile qui dit que le Règne de Dieu est déjà présent dans le monde, et qu’il se développe çà et là, de diverses manières : comme une petite semence qui peut grandit jusqu’à devenir un grand arbre (cf. Mt 13, 31-32), comme une poignée de levain, qui fait fermenter une grande quantité de farine (cf. Mt 13, 33), et comme le bon grain qui grandit au milieu de l’ivraie (cf. Mt 13, 24-30), et peut toujours nous surprendre agréablement. Il est présent, il vient de nouveau, il combat pour refleurir. La résurrection du Christ produit partout les germes de ce monde nouveau ; et même s’ils venaient à être taillés, ils poussent de nouveau, car la résurrection du Seigneur a déjà pénétré la trame cachée de cette histoire, car Jésus n’est pas ressuscité pour rien. Ne restons pas en marge de ce chemin de l’espérance vivante ! » Pape François, La joie de l’Évangile, n°278, 24/11/2013.

Père Jean-Marie VERON