L’édito de l’été

« Loué sois-tu, frère Soleil ! »

Après une météo très mitigée au printemps, nous voici dans l’été 2016. Oh que oui ! Nous avons été souvent privés de ses rayons chaleureux ! Il ne fait pas toujours son job, le soleil. Or, les plantes et les animaux ont besoin de lui, les humains aussi. Et pensez-donc, impossible aux enfants en grandes vacances de ne pas compter sur leur ami, le soleil !

 

Il y a un an, le pape François publiait un petit livre intitulé « Loué sois-tu ! » C’est 180 pages en format poche. Son prix est tout petit mais son message est très grand. Sa lecture est accessible. Cette encyclique donne beaucoup à réfléchir en ce qui concerne l’écologie. Elle vient interroger nos modes de vies qui creusent les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. Elle interpelle quant à la destruction à grande échelle, des écosystèmes de la planète. Elle lance des appels pressants à la conversion tandis que nous sommes face au matérialisme de nos sociétés de consommation qui nous pousse, de plus en plus, à l’individualisme et à la « globalisation de l’indifférence ». Il nous faut d’urgence nous remettre à écouter « ce qui se passe dans notre maison commune » (Cf. « Loué sois-tu », § 17—61).

 

Le titre choisi par le pape François « Loué sois-tu » est pris chez saint François d’Assise (1181 – 1226) dans son magnifique « Cantique de Frère Soleil », dont voici les deux premières strophes : « Très Haut, tout puissant et bon Seigneur, à toi louange, gloire, honneur, et toute bénédiction ; à toi seul ils conviennent, O Très-Haut, et nul homme n’est digne de te nommer. Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire frère Soleil, par qui tu nous donnes le jour, la lumière ; il est beau, rayonnant d’une grande splendeur, et de toi, le Très Haut, il nous offre le symbole. »

 

Cela nous invite à remercier Dieu pour l’alternance des saisons et cela nous engage à le prier avec confiance pour les besoins de la terre et des hommes, partout. Quand nous disons que le soleil nous manque, c’est vrai ! Quand il en est ainsi, n’y a-t-il pas à vérifier si nous n’aurions pas laissé en hibernation le soleil de notre foi en Dieu qui entend toujours la prière des ses enfants ? Et même quand le ciel météorologique déçoit, gardons notre capacité à nous émerveiller, à contempler toutes les créatures vivantes et tout ce qui compose cet univers. Le soleil, la lune, les étoiles, les vent et l’eau, la terre et la mer, sont cadeaux du Très-Haut. Mais quand les éléments nous boudent ou sont carrément déboussolés, c’est qu’ils expriment leur souffrance commune à toute la Création touchée par le mal.

Il nous faut les contempler, certes, mais pas que ! Aussi, constamment les apprivoiser et apprendre à en faire nos alliés.

 

Lisons encore le Pape François : « L’intervention humaine sur la nature s’est toujours vérifiée, mais longtemps elle a eu comme caractéristique d’accompagner, de se plier aux possibilités qu’offrent les choses elles-mêmes. Il s’agissait de recevoir ce que la réalité naturelle permet de soi, comme en tendant la main. Maintenant, en revanche, ce qui intéresse c’est d’extraire tout ce qui est possible des choses par l’imposition de la main de l’être humain, qui tend à ignorer ou à oublier la réalité même de ce qu’il a devant lui. Voilà pourquoi l’être humain et les choses ont cessé de se tendre amicalement la main pour entrer en opposition. De là, on en vient facilement à l’idée d’une croissance infinie ou illimitée, qui a enthousiasmé beaucoup d’économistes, de financiers et de technologues. Cela suppose le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la “ presser ” jusqu’aux limites et même au-delà des limites. » (§ 106).

 

« Louez et bénissez mon Seigneur, rendez-lui grâce et servez-le en toute humilité », ainsi s’achève le cantique de St François. Belle période estivale à vous tous !

Père Jean-Marie VERON